CLUEDO GEANT pour tous.
Vous voilà plongés à la fin du XVIIème siècle, au Château de Maintenon situé à soixante-dix kilomètres de Versailles. Une lettre écrite par Madame de Maintenon, destinée au Roi de France Louis XIV, a disparu. Saurez-vous retrouver le coupable du vol de la lettre au Roi?
1- La femme de chambre : Henriette Labrune.
C’est épouvantable, je vais perdre mon travail. Je vous en supplie, retrouvez celui qui a volé la lettre. Sinon Madame Françoise ne me le pardonnera jamais. Cette lettre était destinée au roi.
Madame m’a directement donnée la lettre ce matin, après m’être occupé de sa coiffure. Je devais la remettre à un chevaucheur du Roi, comme à l’accoutumée, qui attend à un endroit précis que je tiens secret, près du château.
Madame n’a pas confiance en la Ferme des postes. Bien trop de lettres disparaissent sur les chemins, bien trop de brigands pillent les convois, surtout dans les grandes forêts. Les lettres non importantes et non urgentes sont transmises à l’intendant du château.
Seulement Madame de Chartres est arrivée pour rendre visite à Madame. Je me souviens avoir posé la lettre sur le coin de la table du deuxième salon.
J’ai reçu Madame De Chartres que j’ai conduite directement auprès de Madame Françoise dans ses appartements.
Aussitôt après, à mon retour dans le salon, je me suis rendue compte que la lettre avait disparu.
Je me souviens, qu’avec Madame de Chartres, nous sommes passées par les salons et que je la précédais.
Elle aurait très bien pu subtiliser la lettre au passage sans que je ne le vois.
Je n’ai croisé personne d’autre à cet endroit.
Je vous en supplie, il faut que vous retrouviez cette lettre très importante. D’après ce que j’ai entendu de la bouche de Madame, des personnes voudraient saboter un projet de construction sur le domaine. Il faut empêcher ces personnes de nuire. Le roi doit être avisé le plus rapidement possible.
En ces temps calmes, il y a peu de personne sur le domaine. Ce matin, il n’y que l’intendant et moi qui sommes présents. Les autres domestiques sont absents.
Je vous en conjure, retrouvez vite cette missive destinée au Roi. Je vais être renvoyée, de plus, cela pourrait nuire au projet de Sa Majesté.
Retrouvez-la, vite…
2- L’intendant du château
Le monde tournerait mieux si chacun faisait un peu plus attention à ses affaires,
n’est-ce pas ?
Je me présente, Paul-Henri Cigoulet, intendant du château depuis la famille d’Angennes, déjà…
Bon nombre d’années que je travaille ici au château, je n’ose même plus les compter.
Mais si on pouvait arrêter avec ces histoires de lettres, ces manigances, ces intrigues, ces projets loufoques et éphémères. Depuis que ce château a pris une stature royale, il n’est pas de tout repos. Et quand le roi vient ici avec toute sa cour, c’est un véritable branle-bas de combat. Chaque centimètre carré est occupé.
Ah… La quiétude… écoutez, respirez, regardez… Ouvrez la fenêtre et laissez votre âme s’emparer des saveurs de cette sublime nature. Regardez ces eaux paisibles autour du château et tous ces arbres…
Et dire que certains ont comme projet de détruire tout ça ! Vous vous rendez compte ! Quelle hérésie !
On ne peut construire plus de bâtiment dans ce parc, il serait étouffant pour la vue comme pour l’âme…
Pardon je me laisse distraire par mes pensées… Revenons à cette lettre que tout le monde cherche apparemment…
Je n’ai hélas, récupéré aucune missive ces derniers jours, destinée au roi. Quand Madame envoie une correspondance à son époux, c’est effectivement moi qui me charge du bon acheminement. Le roi a un bon réseau, rassurez-vous. Les informations lui remontent incroyablement vite. En tout cas, plus vite que l’eau pour les fontaines de Versailles !
Pour votre gouverne, je ne mets jamais les pieds dans les salons et encore moins dans les appartements de Madame. Sauf bien sûr quand j’y suis invité par Madame ou qu’une affaire urgente impose ma présence.
J’ai, cependant, voyez-vous, un office tout près de la tour. Il n’est pas bien grand mais amplement suffisant pour régler mes affaires.
L’exiguïté permet, bien au contraire, de me concentrer, et la vue sur la cour, le parc et la rivière permet de me détendre.
D’ailleurs, quand je regarde par la fenêtre, je vois très souvent Monsieur de Melville se promener dans le parc. Je ne sais pas ce qu’il mijote mais cela ne me dit rien qui vaille. Méfiez-vous de lui !
Melville nous prépare encore quelque chose qui va me déplaire, je le sens ! Prêt à tout pour s’attirer les faveurs de Madame d’Aubigné et surtout du Roi en personne.
Allez dont fouiller les poches de Melville! C’est très certainement là que vous trouverez ce que vous cherchez !
3- Monsieur Antoine De Melville
Je me présente, Monsieur De Melville, Antoine De Melville, ami éconduit de Madame Françoise d’Aubigné. Vous me voyez très honoré de faire votre connaissance.
Par le terme « éconduit », bien sûr, vous aurez remarqué que je plaisante. C’est juste, que ce matin, Madame de Chartres m’a devancé pour visiter la femme du roi de France, en son château beauceron.
C’est à pied que je me suis déplacé depuis mon petit hôtel particulier situé non loin de là.
J’ai croisé le carrosse de Madame de Chartres roulant à vive allure aux abords du château. Les deux femmes sont souvent en affaire et il est impossible de troubler leurs entrevues. Je me suis présenté malgré tout au château.
Figurez-vous qu’on y rentre comme dans un moulin. Pas le moindre domestique pour vous accueillir. Personne dans le hall d’entrée, ni dans les couloirs, ni dans la galerie. J’ai pu aisément entrer dans les salons aux portes ouvertes aux grands vents…
Vous recherchez une lettre, il me semble. Dans le premier salon, j’ai effectivement aperçu une missive disposée sur une console. Ce n’est peut-être pas celle que vous cherchez après tout. Je n’ai pas eu le temps de la regarder en détail puisqu’à cet instant, l’intendant est venu me raccompagner vers la sortie, m’expliquant ce que je savais déjà : que Madame ne pouvait me recevoir.
De cette belle journée ensoleillée, il ne fut aucun problème pour moi de préférer le ciel comme toit plutôt qu’être enfermé dans les murs humides du château.
Et j’adore me promener dans le parc.
Madame me donne l’autorisation de m’y balader autant de fois que je le souhaite.
Je prends quelques mesures, j’observe, je dessine, j’imagine, je rêve et je m’élève en bon élève, de quoi satisfaire les extravagances de Sa Majesté.
Je vous laisse… à bientôt !
4- Madame Ophélie de Chartres
Oh vous savez, il faut se méfier de tout le monde. C’est le meilleur conseil que je puisse vous donner !
La dame de chambre a très bien pu prétendre au vol de la lettre alors qu’au final, elle l’a donnée à Monsieur de Melville qui, comme par hasard, était présent à ce moment là. Vous ne trouvez pas ça étrange ?
Toute cette histoire semble bancale.
Et si vous pensez que je suis la coupable, je vous dis simplement : qu’aurai-je fait de cette lettre ? A quoi me servirait-elle ? Surtout que je ne sais même pas ce qu’elle contient comme information. Vous le savez peut-être ?
Me donneriez-vous un petit élément de réponse ?
D’après vous, que peut écrire une femme à son mari ?
Allons, je ne crois pas que cette lettre soit d’une importance extrême. Elle doit sûrement répandre sur le papier, des mots d’affection.
Je viens souvent me divertir chez Madame d’Aubigné.
Elle me raconte tous les potins de la cour de Versailles. C’est passionnant !
En échange je lui propose quelques conseils. J’avoue que ces conseils ont très bien fonctionné pour elle.
Passer de nourrice à épouse du roi Soleil, vous vous rendez compte de cette ascension sociale ! Quelle chance ! C’était presque inespéré ! Je préfère ne pas en dire plus, sinon vous allez me traiter de vipère.
En tout cas, pour la lettre que vous recherchez tant, je n’en ai pas vu la couleur et n’est aucune idée où elle a bien pu disparaître.
Si je peux vous donner un conseil, cherchez sous les meubles. Un courant d’air, et la lettre s’est envolée sous une commode, une enveloppe de papier cinabre ne passe pas inaperçue tout de même.
Cela m’est déjà arrivé, un jour, j’écrivais à mon bureau un courrier pour la comtesse de Rochefort. Tout à coup, au moment où ma femme de chambre entra dans la pièce, un appel d’air fit ouvrir la fenêtre juste devant moi et le courant d’air provoqua l’envol de toutes les feuilles posées sur mon bureau.
J’ai eu beau ramasser toutes les feuilles je ne retrouvai pas mon écrit du jour.
Ce n’est que le lendemain que l’on retrouva la lettre sous une commode.
En attendant, je fis renvoyer ma femme de chambre que j’accusai de vol et de traîtrise.
Vous voyez, cela peut arriver à tout le monde !
Avant d’accuser qui que ce soit, il faut chercher !
Solution
Qui a donc intérêt à dérober cette lettre ?
Il est question de la construction d’un ouvrage sur le domaine du château de Maintenon, plus exactement la construction d’un aqueduc servant à détourner l’eau de L’Eure afin d’alimenter les fontaines de Versailles. C’est un grand projet royal.
Mais des personnes veulent nuire à la construction de l’édifice. Ce que Madame d’Aubigné fait part au roi dans sa lettre désormais disparue.
Certains personnages ont des intérêts à la construction de ce projet, d’autres, ont des intérêts opposés.
L’intendant ne souhaite pas voir ce nouvel édifice au fond du parc. Il le dit lui-même.
Monsieur de Melville, qui s’y promène tous les jours, y est plutôt favorable. Il est même intégré au projet car il prend des mesures, établi des croquis pour le Roi.
Madame d’Aubigné n’a pas donné la lettre à l’intendant. La lettre étant importante, elle ne lui a pas fait confiance car elle sait qu’il peut nuire au projet.
L’intendant était bien dans les salons lorsqu’il a rencontré Melville.
Ce dernier a très bien pu profiter d’être seul pour dérober la lettre avant l’arrivée de l’intendant.
Madame de Chartres, quant à elle, marchant derrière la femme de chambre a très bien pu subtiliser la missive, sa jalousie envers Madame d’Aubigné la rendrait à coup sûr, peu scrupuleuse !
Bref, les quatre personnes étaient présentes dans le salon où la lettre fut volée.
Quel détail infime permet de trouver le ou la coupable ?
Madame de Chartres nous parle d’une lettre au papier cinabre c’est-à-dire de couleur rouge. Comment pouvait-elle être si affirmative sur un détail de ce genre si elle n’avait pas dérobé la lettre ? Madame de Chartres aurait dû parler un peu moins vite, c’est le conseil que nous pouvions donner à la coupable du vol de la lettre au Roi.